Le passé fantasmé

de l'Histoire de la France - 4

 

 

 

IV - Quelques personnages et événements

 

 

SAINT DENIS

http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_de_Paris

Extraits du livre de Colette BEAUNE, Naissance de la nation France, p83

 

" Saint Denis est le premier en date et longtemps le seul et principal patron des rois et du royaume. Des Carolingiens au début du XVe siècle, l'affinité spirituelle entre l'évangélisateur de la Gaule et le pays n'est pas contestée. Pourtant, ce patronage présentait des inconvénients : la personne même de l'évêque, sa vie, la date à laquelle il avait vécu, les œuvres qu'on lui attribuait, le lieu de sa sépulture, rien de tout cela ne faisait l'unanimité.

Malgré l'autorité d'Hilduin, qui avait vers 835 identifié l'Aréopagite évêque d'Athènes converti par saint Paul et l'évêque de Paris du même nom, des doutes avaient continué à être émis, ailleurs certes qu'à Paris mais de manière continue et cohérente. Aux XIIe et XIIIe siècles, le soutien royal fixa en faveur du saint une vérité officielle qu'on n'osa plus guère discuter, bien que de loin en loin des érudits curieux eussent accumulé toutes les pièces d'un raisonnement qui aurait permis de démolir la Vita d'Hilduin.

Mais ce raisonnement, on ne le fit pas, car attaquer Saint-Denis, c'était attaquer le roi. L'abbaye s'était identifiée â la dynastie et elle assurait pour celle-ci certaines fonctions indispensables. Saint Denis était à la fois le patron du roi, celui du royaume et de la couronne. Patron du roi, il protégeait son corps contre les blessures ou la maladie. Il gardait son âme du mal et l'assistait au moment de la mort. Toute une série de visions de Dagobert à Charles Martel, Charlemagne, Charles le Chauve et Philippe Auguste illustrèrent ce thème.

Grâce à l'Aréopagite, le roi échappa à l'enfer puis même au purgatoire pour finir à la fin du Moyen Âge par gagner un paradis automatiquement assuré par les rites nouveaux de la mort royale, autant que par l'aide divine. Patron de l'ensemble du royaume, Denis l'a évangélisé dans sa totalité. "

Saints martyrs, parmi lesquels :
saint Etienne, saint Denis, saint Nicaise et saint Laurent.
BNF, LAT 18014 - fol. 105
Petites Heures de Jean de Berry - France, Paris XIVe s.

 


" Le moine Hilduin (vers 770- 840), abbé de Saint-Denis sous le règne de Louis le Pieux, apportait à cette reconstruction une contribution autrement utile en faisant traduire du grec en latin un ensemble de traités qui lui venaient tout droit de Byzance, et qui allaient avoir un grand retentissement, car ils passaient pour apostoliques. Ils arrivaient, en effet, sous le nom vénérable de Denys, cet Athénien converti par le discours de saint Paul à l'Aréopage, et que pour cette raison les Actes des apôtres, au chapitre XVII, appelaient l'Aréopagite. Premier évêque de Lutèce, ce saint aurait fini martyr à Saint-Denis sous l'empereur Hadrien - ce qui lui faisait cent dix ans -, et il aurait, dit-on, transporté sa tête fraîchement coupée sur une distance appréciable. C'est dire la vénération dont ces écrits furent aussitôt entourés. L'excellent Hilduin n'y avait évidemment vu que du feu […]
On crut dur comme fer, et pendant des siècles, au caractère apostolique du prétendu Aréopagite, dont la vie supposée concentrait plusieurs légendes nées autour du IXe siècle. Nul, aujourd'hui, ne se risquerait à raconter la vie du vrai Denys des Actes. On sait seulement que l'auteur du Ve siècle ne fut jamais évêque de Lutèce, et qu'il n'a pas plus écrit ce qui si longtemps circula sous son nom qu'il n'a ramassé sa tête sous l'empereur Hadrien. Cette trop belle histoire ne commença à être vraiment mise en doute, chez les latins du moins, qu'au XVIe siècle. Mais dans les milieux catholiques, on ne l'abandonna guère qu'au XXe. […]
Comme l'ont établi notamment R. Roques et le P. Saffrey, cet ensemble était l'œuvre d'un disciple anonyme de Proclos. Chrétien, il avait entrepris, dans l'esprit des Pères grecs, d'exprimer la révélation selon les concepts du néoplatonisme, et il avait usé comme beaucoup d'autres à l'époque de l'astuce pseudépigraphique : passeraient ainsi sous le nom de l'Athénien converti des Actes des vues qui sous le sien n'auraient suscité que méfiance et controverses. A croire vraiment que le Saint-Esprit s'en mêlait, car c'est ainsi que sous le label apostolique, certaines intuitions du néoplatonisme s'en vinrent alimenter la théologie chrétienne d'Orient, puis d'Occident en traduction latine, complétant ce que d'autre part saint Augustin véhiculait de Porphyre et de Plotin. On s'en servirait le moment venu pour amender dans un sens compatible avec le dogme chrétien les thèses redécouvertes d'Aristote. Sur le moment, le corpus dyonisien allait élargir le champ intellectuel de la théologie d'Occident - ce qui, nous venons de le constater, n'était pas un luxe. Cet auteur non identifié, qu'on désigne aujourd'hui sous le nom de Pseudo-Denys (Ve-VIe s.) est un penseur génial, qui n'a jamais cessé jusqu'à nos jours d'intéresser, voire d'inspirer, théologiens et philosophes.
Le corpus ainsi redécouvert comportait dix lettres et quatre traités : Les Noms divins, La Théologie mystique, La Hiérarchie céleste, et La Hiérarchie ecclésiastique. Qui se donne la peine de les lire - et l'élégante traduction de Maurice de Gandillac en permet aisément l'accès - s'aperçoit vite qu'il ne s'agit pas d'une simple reprise des thèses néo platoniciennes, mais d'une tentative puissante en vue de concilier ces thèses avec les données de la révélation. Car c'est bien de l'Écriture que le Pseudo Denys prétend tirer son enseignement. "

Lucien Jerphagnon, Les dieux & les mots, Tallandier, 2004, p 377-380.

Selon La Légende Dorée de Jacques de Voragine, Saint Denis [ou Dionysius, Dennis, Denys (? v.260 - ? v.272), patron de Paris, martyr chrétien], après avoir été décapité à la hache, (ainsi que ses deux compagnons Rustique et Éleuthère) sur une colline appelée Montjoie, un important centre cultuel païen. Après son supplice, Denis aurait marché pendant six kilomètres, sa tête sous le bras (céphalophorie), guidé et soutenu par des anges ... jusqu'au lieu nommé Catulliacus. Sainte Geneviève, vers 460, y construisit une basilique dans laquelle seront enterrés tous les rois de France à partir de Clotaire II.

Peut-on reconnaître en lui le Dionysos latin ?


Robert Gaguin (1434?-1501) - Compendium de Francorum gestis, ab ipso recognitum et auctum
Paris - 1501 - BnF - département Réserve des livres rares, RES-L35-11

http://www.patrimoine.edilivre.com/compendium-roberti-gaguini-super-francorum-gestis-ab-ipso-recognitum-et-auctum-gaguin-robert-1434-1501-1500-ark-12148-bpt6k111282t.html

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1231316

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1231316/f4.image#

 

 

 

MONTJOIES ET OFFICES

"A côté des tombeaux et menant à eux entre Paris et Saint-Denis se trouvait toute une série de petits monuments commémoratifs comme les stations d'un chemin de croix, qu'on appelait les Montjoies. Il y en avait neuf. C'étaient des croix surmontant une base à trois arcatures où s'inscrivaient des statues de rois : Philippe Auguste, Louis VIII et Saint Louis sur certaines et Philippe seul sur d'autres. Il y avait eu, en effet, deux programmes de constructions, l'un en 1223 de Mantes à Paris et Saint-Denis : " A chaque reposée du cercueil, faisait-on une croix... " raconte Guillaume Le Breton, et l'autre en 1270 pour le corps de Saint Louis que le roi Philippe III avait lui-même aidé à porter à l'abbaye. Ces oratoires où se produisaient des miracles et où souvent on construisit ensuite des prieurés n'étaient pas rares dans le royaume, mais partout ils étaient dédiés à des saints et non à des rois. Homologues si l'on veut des galeries des rois des cathédrales ou de celle de la grande salle du palais royal, ils célébraient le roi plus que saint Denis. Ils reliaient par un chemin sacralisé l'abbaye à la capitale.
Autour de ces tombeaux et de ces Montjoies était célébrée toute une liturgie mortuaire." (Colette BEAUNE, Naissance de la nation France, Gallimard, 1985, p.123)

Un montjoie était un monticule bordant les chemins ; par attraction de mont et joie, du francique mund-gawi, (proprement "protection du pays"), ces monticules ayant dû servir de postes d'observation. (Larousse Etymologique)

"Munjoie", c'est aussi dans La Chanson de Roland (1080), le cri de guerre des Francs, parole criée dont le pouvoir faisait fuir l'ennemi.

 

1230 Guardet a tere, veit gesir le glutun,
Si li ad dit par mult fiere raison :
" De voz manaces, culvert, jo n'ai essoign.
Ferez i, Francs, kar tres ben les veincrum ! "

f.23r - " Munjoie ! " escriet, ço est l'enseigne Carlun. aoi.

Il regarde à terre, voit le misérable qui gît.
Il lui dit pour de très fière raison :
" De vos menaces, misérable, je ne me soucie pas.
" Frappez, Français, car nous les vaincrons très bien ! "

" Montjoie ! " crie-t-il, c'est la devise de Charlemagne.

 

 

2150 De cels de France odum les graisles clers,
Grant est la noise de "Munjoie !" escrier.
Li quens Rollant est de tant grant fiertet,
Ja n'ert vencut pur nul hume carnel.
Lancuns a lui, puis sil laissums ester."
Nous entendons les clairons des Français,
Grand est le bruit lorsqu'ils crient : " Montjoie ! "
Le comte Roland a une si grande fierté,
Qu'il n'a été vaincu par aucun homme vivant.
Tirons de loin, puis laissons faire. "

 

"Munjoie", c'est aussi, toujours dans La Chanson de Roland, les noms de l'oriflamme et de l'épée de Charlemagne dont le pommeau aurait été décoré d'un caducée (cf. Anne Lombard-Jourdan, Montjoie et Saint Denis, CNRS, 1989, pp. 57, 123, 131)

Joyeuse était le nom de l'épée de Charlemagne. De l'ancien français Joiel = joyeux/joyaux ; au féminin : Joiele = joyeuse, issu du francique Gawi = joie. L'épée fait partie des regalia du Royaume de France. Selon la légende, elle portait dans son pommeau de nombreuses reliques, entre autres celle de la Sainte Lance.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Joyeuse_(%C3%A9p%C3%A9e)

 

Li emperere s'est culcet en un prêt :
Sun grant espiet met a sun chef li ber ;
Icele noit ne se volt il desarmer,
Si ad vestut sun blanc osberc sasfret,

2500 Laciet sun elme, ki est a or gemmet,
Ceinte Joiuse, unches ne fut sa per,
Ki cascun jur muet .XXX. clartez.
Asez savum de la lance parler
Dunt Nostre Sire fut en la cruiz nasfret :

2505 Carles en ad la mure, mercit Deu ;
en l'oret punt l'ad faite manuvrer.
Pur ceste honur e pur ceste bontet,
Li nums Joiuse l'espee fut dunet.
Baruns franceis nel deivent ublier :

2510 Enseigne en unt de " Munjoie ! " crier ;
Pur ço nes poet nule gent cuntrester.

laisse CLXXXIII

" Nous avons fort à dire sur la lance
Dont Notre Seigneur fut blessé sur la Croix.
Charles, grâce à Dieu, en a la pointe.
Il l'a fait enchâsser dans un pommeau d'or ;
En raison de cet honneur et de cette grâce,
Le nom de Joyeuse fut donné à l'épée.
Les barons français ne doivent pas l'oublier :
C'est de là que vient " Montjoie ", leur cri de guerre
C'est pourquoi aucun peuple ne peut leur résister. "

 

Durendal, l'épée de Roland, n'aurait pas été en reste : son pommeau aurait conservé plusieurs reliques convoquant la force des saints dans la main de Roland : une dent de saint Pierre, du sang de saint Basile, des cheveux de saint Denis et un morceau du vêtement de sainte Marie.

L'épée peut être simplement regardée comme une arme à double tranchant dont l'axe marquerait la dualité ; de forme parfois ondulatoire comme la flamme, ou sinusoïdale, elle pourrait être assimilé au caducée et ses deux serpents enroulés, symboles du savoir, de la pensée créatrice et de l'activité.

Dans La Chanson de Roland, Geoffroy d'Anjou porte l'oriflamme de saint Denis nommée Monjoie qui a remplacé l'oriflamme de saint Pierre appelée Romaine (que saint Pierre remet à Charlemagne sur une mosaïque de l'abside du triclinium du Latran, la salle à manger du pape Léon III).

Selon d'anciens témoignages, l'oriflamme romaine aurait été : d'azur semé de roses de gueules. Celle de saint Denis aurait été un drapeau allongé à plusieurs queues : de gueules frangé de houppes de sinople.

 

 

LOUIS IX - (SAINT LOUIS)

 

Louis IX (Saint Louis)

La croix qu'il porte à l'épaule gauche et son épée symbolisent :
– la Croix blanche que les Croisés cousaient sur leurs vêtements
– les reliques rapportées de la Terre Sainte

Il participe aux 7ème (1249-1254 : Saint Louis est capturé avec ses hommes en 1250) et 8ème Croisades (il meurt le 25 août 1270 sous les remparts de Tunis).

En 1238, Louis IX rachète aux Vénitiens une partie des reliques gagées par l'empereur latin de Constantinople, dont la couronne d'épines.

Le 30 septembre 1241, la Vraie Croix et sept autres reliques du Christ, notamment le 'Saint Sang' et la 'Pierre du Sépulcre' sont acquises.

En 1242, neuf autres reliques, dont la 'Sainte Lance' et la 'Sainte Éponge' venaient rejoindre les précédentes.

En 1248, pour accueillir l'ensemble des reliques, le roi fait construire et consacrer la Sainte-Chapelle, dans l'île de la Cité, au centre du palais royal.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_IX_de_France

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Croix

 

 

L'analyse de Chiara MERCURI, Stat inter spinas lilium : le Lys de France et la couronne d'épines
http://www.cairn.info/revue-le-moyen-age-2004-3-page-497.htm


les frères Limbourg
Très Riches Heures du Duc de Berry

La Sainte-Chapelle de Paris fut construite entre 1239 et 1248 par Saint Louis pour abriter la Couronne d'épines et les autres Instruments de la Passion du Christ transportés, sous son règne, de Constantinople à Paris.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte-Chapelle

Ces reliques provenaient de Jérusalem avant d'arriver au 13ème siècle à Constantinople puis à Paris. A la Révolution, elles disparurent presque toutes. Deux, la Couronne et la Croix, sont demeurées et ont été déposées à Notre-Dame au début du 19ème siècle.

 

23 novembre 1407

Assassinat de Louis d'Orléans

Voyant le pouvoir lui échapper, le duc de Bourgogne fait assassiner (rue Vieille-du-Temple, à Paris) son cousin alors que celui-ci venait de rendre visite à la reine.

Ce meurtre provoque la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

Remarquer la main coupée que la tapisserie rappelle.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Ier_d'Orl%C3%A9ans

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=14071123

Assassinat de Louis d'Orléans
par les hommes de Jean Sans Peur

Selon certains dires, le duc de Bourgogne eut la main droite sectionnée comme le fit Jean sans Peur quelques années auparavant à son cousin Louis Ier d'Orléans.

Cet homme, debout sur le pont, a les mains coupées que signalent les deux traits noirs en bout de manches. La main gauche pend comme désarticulée.

 

10 septembre 1419

Assassinat de Jean sans Peur


En pleine guerre de Cent ans, le duc de Bourgogne Jean sans Peur est assassiné sur le pont de Montereau par un proche du dauphin Charles, héritier du trône de France, pour venger, douze ans après, l'assassinat de Louis d'Orléans.

Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1396-1467), portera presque toute sa vie le deuil de son père en ne s'habillant qu'en noir.

Le meurtre relance la querelle entre Armagnacs et Bourguignons, divisant des Français déjà affaiblis par la défaite d'Azincourt.

Charles est déshérité par son père Charles VI le Fou. Il devra attendre dix ans pour que Jeanne d'Arc l'aide à retrouver le trône de France.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Assassinat_de_Jean_sans_Peur

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=14190910&ID_dossier=45

 


Assassinat de Jean Sans Peur sur le pont de Montereau
Paris, BnF, MS 5084 - Chroniques de Monstrelet

" Le traité d'Arras qui, en 1435, sembla apporter la paix entre la France et la Bourgogne, commence par l'amende expiatoire du meurtre de Montereau : édifier une chapelle dans l'église de Montereau, où avait d'abord été enterré le duc Jean et où à perpétuité serait chanté chaque jour le requiem ; dans la même ville, un couvent de Chartreux, une croix sur le pont où le meurtre avait été accompli, une messe au couvent de Champmol à Dijon, où étaient inhumés les Ducs de Bourgogne. Et ce n'était là qu'une partie des amendes que le Chancelier Rolin avait exigées de la part du duc : églises et chapitres à Rome, Gand, Dijon, Paris, Saint Jacques de Compostelle et Jérusalem, avec des inscriptions lapidaires destinées à commémorer l'acte de l'amende. Un besoin de représailles qui revêt des formes si circonstanciées, doit avoir été prépondérant dans l'esprit. Et qu'est-ce que le peuple aurait mieux compris dans le gouvernement de ses princes, que ces primitifs et simples motifs de haine et de vengeance ? "

Johan Huizinga, Le Déclin du moyen âge, Payot, 1932
traduction du hollandais de Julia Bastin, p. 23


Jeanne d'Arc

(janvier 1412 ? - 30 mai 1431)

Elle prend à sa charge la guerre contre les Anglais à la place du roi,
comme Hector combattit les Grecs à la place de Pâris.

 

QUATRIÈME JOUR

POUR LE LUNDI 6 JANVIER 1913
JOUR DES ROIS
CINQ CENT UNIÈME ANNIVERSAIRE
DE LA NAISSANCE DE JEANNE D'ARC

IV


COMME la vieille aïeule au plus fort de son âge
Se réjouit de voir le tendre nourrisson,
L'enfant à la mamelle et le dernier besson
Recommencer la vie ainsi qu'un héritage ;
Elle en fait par avance un très grand personnage,
Le plus hardi faucheur au temps de la moisson,
Le plus hardi chanteur au temps de la chanson
Qu'on aura jamais vu dans cet humble village :
Telle la vieille sainte éternellement sage
Connut ce que serait l'honneur de sa maison
Quand elle vit venir, habillée en garçon,
Bien prise en sa cuirasse et droite sur l'arçon,
Priant sur le pommeau de son estramaçon,
Après neuf cent vingt ans la fille au dur corsage ;
Et qu'elle vit monter de dessus l'horizon,
Souple sur le cheval et le caparaçon,
La plus grande beauté de tout son parentage.

Charles Péguy
La tapisserie de sainte Geneviève
et de Jeanne d'Arc

 

Les ennemis de la France à la fin du 15e siècle

 

 

Le coq français ne défèquerait-il pas sur les deux lapins anglais ?

chapiteau intérieur - église de Cormery
Qu'ont l'air de faire ces deux personnages
au-dessus de nos têtes ?

Deux mouvements convergents ont permis de faire du coq gaulois, pourtant difficile à récupérer, un emblème royal : la redécouverte timide des Gaulois et celle des philosophes de l'Antiquité par les humanistes. En Italie, puis en France, le coq blanc, l'oiseau de Jupiter et de Mercure, se "refait les plumes et le bec". Trois rois de France successifs choisissent cet emblème. L'Opus Davidicam, dédié vers 1495 à Charles VIII par le moine mendiant italien Jean de Legonissa, s'ouvre sur une page de garde où deux coqs blancs soutiennent l'écu de France et foulent aux pieds un serpent et un renard.

S'y lisent trois prophéties :
1- le coq royal conquiert les Empires occidental et oriental et règne sur un monde enfin converti.
2- le coq blanc sauve le bateau de Saint Pierre pour le conduire au port du salut.
3- le coq blanc de la Fin des Temps rétablit joie, abondance et paix universelle.

Le roi de France fut appelé Gallus. Louis XII et surtout François 1er s'y reférèrent. A la Renaissance, le coq et la France furent unis.

http://c.fauvelliere.free.fr/coq.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Coq_gaulois

 

Les animaux bellicistes du bas montrent leurs dents et s'opposent aux animaux pacifiques de la moitié supérieure à l'instar du roi français (le cerf) qui sourit.

Voyons-y aussi l'opposition entre l'Enfer (en bas) et le Paradis (en haut).

Une première "lecture" m'avait fait écrire : " De gauche à droite : le lion de Bourgogne - le léopard de l'Angleterre - l'hermine de Bretagne - l'hyène de Turquie (l'hyène est symbole de stupidité en islam) ou le Juif (?)"

Maintenant, je vous propose de " lire " la séquence tissée ci-dessus comme relatant la " Guerre folle ".

De gauche à droite : le lion de Bourgogne - le léopard de l'Angleterre - l'hermine de Bretagne - l'hyène c'est-à-dire la Guyenne - un oranger c'est-à-dire la maison d'Orange. Soit les princes qui se révoltèrent contre Anne de Beaujeu régente.

" Un historien du XVIe siècle a baptisé tous ces événements du nom de Guerre Folle. Le terme, qui a un parfum d'épopée, ne convient guère. A la vérité, il s'est agi de déplacements désordonnés, de trafics sournois motivés par d'étroites ambitions et d'abandons sans panache " (Pierre Pradel, Anne de France, 1461-1522, Publisud, 1986, pp. 75-76)

Yvonne Labande-Mailfert est d'un autre avis : "Il s'agissait donc bien d'une guerre " folle ". Ce qualificatif, dont l'invention a été attribuée à l'historien Paul-Emile — l'insana militia — est entré tout naturellement dans le vocabulaire du roi et de ses fidèles. On trouvera en effet dans plusieurs lettres de Charles, au cours de l'été 1488, les expressions suivantes au sujet des rebelles : " C'est le voyage des folz " ... " Qui ne fera paour aux folz, il ne s'en pourroit que trop assembler ". .. " Qu'ils reconnaissent leur folie. " Les faits de guerre en sont arrivés à un tel point pendant l'été 1488 que la Bretagne pourrait bien être devenue une trappe pour ces " folz ". (Charles VIII - Le vouloir et la destinée, Fayard, 1986, p. 66)

La " Guerre folle " opposa, entre 1485 et 1488, contre la régente Anne de Beaujeu (après la mort de Louis XI et en attendant la majorité du jeune Charles VIII) un parti princier. Cette révolte est à l'origine de l'annexion de la Bretagne au domaine royal.

Du côté des princes : les ducs René II de Lorraine, François II de Bretagne, Louis II d'Orléans (cousin du roi et futur Louis XII), le prince d'Orange, le comte d'Albret, le comte d'Angoulême. Jean de Lescun, bâtard d'Armagnac, comte de Comminges et gouverneur de Guyenne, et Commines, soutiennent la révolte de leurs conseils. Ils sont soutenus par les ennemis étrangers du roi de France : Angleterre, Castille-Aragon et Autriche-Bourgogne.
En 1487, l'armée royale, partie de Tours début février, commence son offensive dans le sud-ouest. Le 7 mars, elle est à Bordeaux, et Lescun, gouverneur de Guyenne, est démis et remplacé par Pierre de Beaujeu.

" Jean IV de Chalon-Arlay (ou Jean de Chalon) (1443-8 avril 1502) prince d'Orange, seigneur de la Maison de Chalon-Arlay. Par sa fille Claude, il est l'ancêtre de la Maison d'Orange-Nassau et de la reine Beatrix qui règne actuellement sur les Pays-Bas.
A la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier, le 28 juillet 1488, il est fait prisonnier avec le duc d'Orléans par les Français vainqueurs. Il restera en résidence surveillée à Riom jusqu'en février 1489. Il rentre à cette date à Rennes, envoyé par Charles VIII de France pour empêcher le mariage d'Anne avec Alain d'Albret et négocier avec elle de la situation des troupes françaises dans le duché. "

L'attitude de la hyène est équivoque : défèque-t-elle sur l'oranger ? Est-ce Pierre de Bourbon qui " défèque " sur le prince d'Orange ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_IV_de_Chalon-Arlay

L'hermine touche-t-elle la corne de la licorne de la pointe de son museau dans le but de se purifier ? (même si dans un espace à trois dimensions elle ne peut le faire). La Bretagne est un territoire qui 'doit' revenir au royaume de France. http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Bretagne

La "Guerre folle" s'est conclue en Août 1488 : François II doit signer le traité du Verger et accepter de ne pas marier pas ses filles sans l'avis et l'agrément du roi de France. En 1490, une nouvelle guerre avec le roi de France reprend quand Anne de Bretagne se marie par procuration avec Maximilien d'Autriche. Charles VIII fait reconnaître la nullité de ce mariage conformément au traité de 1488, et épouse Anne à sa demande en 1491. Puis en 1498, Louis XII rompt son propre mariage avec Jeanne de France pour épouser la duchesse et reine douairière Anne, veuve de Charles VIII et en 1514, Claude de France, fille d'Anne et de Louis XII, hérite de la Bretagne. Malgré l'opposition de sa mère et après sa mort, elle épouse François 1er à qui elle lègue le duché.

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Dans la chapelle du château de Montrichard, aujourd'hui église paroissiale de Sainte Croix, le duc d'Orléans (plus tard Louis XII) pour complaire au roi Louis XI épousa sa fille Jeanne de France le 8 septembre 1476 ; il devait la répudier à son avènement au trône, et l'ancienne reine, retirée dans un couvent, devait être canonisée sous le nom de Sainte Jeanne de France.
Il semble qu'au cours des dernières années de son règne, Louis Xl revint plusieurs lois à Montrichard : il en avait confié la garde à Guy Chasteignier, seigneur de Chissay et de la Roche-Posay qui prit plus tard le titre de seigneur de Montrichard.
A la mort de Louis XI, Charles VIII devint propriétaire de Montrichard puis ce fut Louis XII qui aliéna le fief de Montrichard avec faculté de rachat au sire de Grignaux, chevalier d'honneur de la reine Marie d'Angleterre.
Le rachat fut opéré en 1516 par Jacques de Genouillac, grand écuyer de France.
Au cours du XVIè siècle, la terre de Montrichard fit définitivement retour à la couronne,
François 1er vint quelquefois, au retour de ses courses dans les forêts d'Amboise et de Montrichard, se reposer dans le vieux castel et la cour venant de Loches pour aller à Amboise passa à Montrichard en décembre 1539.
A la mort de François 1er, la terre de Montrichard fut donnée en apanage de douaire à sa veuve Eléonore d'Autriche ; elle appartint au même titre à la reine Marie Stuart, veuve de François II.

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La Guyenne : possession des rois d’Angleterre de 1188 à 1453, la Guyenne est réunie au domaine du roi de France après la bataille de Castillon, qui mit fin à la guerre de Cent Ans. Donné en apanage à son frère Charles de Valois par Louis XI en 1469, le duché revint définitivement à la couronne française à la mort de celui-ci en 1472.

"Les Bestiaires s'autorisèrent pour voir dans l'hyène une bête 'mauvèse et orde', image peu flatteuse du pourvoyeur d'enfer. Ses faux changements de sexe, et de pelage firent aussi d'elle l'image allégorique des Juifs dans leurs passages alternatifs du culte du vrai Dieu à celui des idoles, l'image aussi de 'l'home double, faus et vagant', qui sert tour à tour 'Ihesu-Crist nostre verai sire' et Satan son ennemi ; et le le déguisement de sa voix lui fait symboliser à merveille le perfide Tentateur." écrit Louis CHARBONNEAU-LASSAY (Le Bestiaire du Christ, Albin Michel, 2006).

Ce même auteur signale que le cerf est le symbole : du Christ combattant, de la lumière, de l'abondance (pour les Gaulois), des Apôtres (Saint Jérôme), de l'âme chrétienne (par sa soif ardente).

 

Quatre animaux en" figures de bord " sont-ils "images" de personnages contemporains ?

- la bécasse : François de La Rochefoucauld, dont les armes apparaissent sur l'une des tapisseries. Elle regarde la rose de sang qui "baptise" le héron.

- le canard : qui est-ce ? Regarde-t-il aussi la rose ?

- l'oiseau plongeant dont on ne voit que la queue : est-ce un Bourbon cherchant nourriture dans la "bourbe" de la rivière ?

- le héron (oiseau noble, associé aux âmes des élus, volant haut dans la sérénité du ciel) : Mace Héron (1403-1466), trésorier des guerres du roi Charles VII. Ses autres charges : maître extraordinaire des comptes - trésorier des guerres du dauphin - trésorier général de toutes les finances du dauphin - secrétaire de Louis d'Orléans - receveur général des finances - garde des coffres du duc d'Orléans - garde du chateau de Nîmes. Geneviève, l'une de ses filles, épousa en 1423 Guillaume Jouvenel des Ursins, baron de Treignel, chancelier de France, dont Jean Fouquet fit le portrait à voir au Louvre. La rose qui 'sublime' la blessure du chien, au-dessus de sa tête, lui est-elle destinée ?

Selon les Bestiaires, le héron veille, une patte calée sur une pierre ; ainsi, s'il s'endort, il tombe !

Le roseau des étangs, plante est très commune, est appelé aussi massette à larges feuilles, masse d'eau, quenouille, roseau-de-la-passion. http://fr.wikipedia.org/wiki/Massette_%C3%A0_larges_feuilles

Dans La Chasse, il faut toujours, vous recommande Howard, suivre la trace du SANG : l'écureuil-Jean Fouquet et/ou Anne de Bretagne, le cor-Graal, l'épée de Saint-Louis Croisé, le héron-Macé Héron sont situés sous des coulées de sang christique !

 

 

 

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